Eglise Sotiras Lykodimou (Eglise Russe)

Église de la Sainte-Trinité (rue Filellinon)

Au centre d'Athènes, à la jonction de la rue Filellinon et de l'avenue Amalias, domine l'église de la Sôteira Lykodímou ou, comme on l'appelle communément, l'église russe de la Sainte-Trinité. Entourée de grands immeubles, l'église n'a rien perdu de sa splendeur grâce à sa taille, son architecture et des récits qui l'accompagnent. 

Ces récits ont trait aux catacombes situées sous l'église, dont les marches aboutissent à l'entrée d'un réseau de galeries qui se déploient à partir du centre de la place Syntagma. En suivant les catacombes de la Sainte-Trinité, on trouve des traces et des vestiges de l'histoire ancienne de la ville d'Athènes et des sites qui ont servi d'ossuaires.

Selon le Département archéologique, à l'endroit choisi pour ériger l'église, se trouvait le ‘’Didaskalion ‘’ (une cour où se réunissaient les élèves pour apprendre la philosophie) dédié à Apollon Lyceus, tandis que sous l'Empire romain, à l'époque d'Hadrien, le lieu abritait les « valaneion », les thermes romains, alimentés par un affluent de l'Éridanos. 

À l'époque byzantine, sous le règne de l'impératrice Irène d'Athènes (780-802), une petite église chrétienne a été construite, puis, au XIe siècle, un monastère a été fondé, l'église actuelle étant le Katholikon, l'église principale, du monastère. 

Pendant l'occupation franque, et ce jusqu'en 1669, le monastère est passé sous le contrôle de moines bénédictins catholiques romains, avant de revenir aux mains de moines orthodoxes. 

En 1778, le gouverneur ottoman d'Athènes, Hadji Ali Haseki, démolit le monastère afin d'utiliser les matériaux pour la construction d'un mur. Seul le Katholikon a survécu, qui fait désormais partie du monastère de Kaisariani. 

Pendant la révolution grecque, l'église a subi d'énormes dégâts, une partie de la coupole et la majeure partie du côté nord-est de l'église s'étant effondrées. 

En 1847, l'ambassade russe s'intéressa à l'église Saint-Nicodème, désormais connue sous le nom d'église de la Sauveuse de Lykodimos, et en demanda la cession au gouvernement grec afin de répondre aux besoins de la communauté russe d'Athènes en matière de culte. La demande fut acceptée et l'église donnée à la communauté russe. Un rôle important dans l'histoire de ce monument athénien fut joué par l'archimandrite et professeur de l'Académie théologique de Kiev, Antoninos, dont la médiation permit de ne pas démolir l'église, comme cela avait été proposé à l'origine, mais plutôt de la restaurer.

La restauration de l'église fut achevée en 1855, aux frais de l'État russe. Pendant les travaux, l'ancienne iconostase en pierre a été remplacée par une nouvelle, plus haute, et le clocher actuel a été érigé, lequel domine encore aujourd'hui le cimetière, conformément aux modèles des clochers byzantins.

Bien que, dans l'ensemble, le monument ait été restauré dans son ancienne forme, il a été nécessaire d'apporter quelques modifications, telles que la fermeture des ouvertures extérieures et la construction de murs sur les trois côtés de la place centrale de l'église, afin de mieux soutenir les arcs qui portaient la coupole.   

Il s'agit d'une église de style octogonal byzantin avec un narthex et une galerie au-dessus des nefs latérales. De style octogonal, la grande coupole qui couvre toute la zone centrale de l'église, repose avec son tambour bas sur huit arcs qui, lorsqu'ils sont ramifiés, forment ainsi un octogone. De cette façon, le poids de la coupole est partagé par les arcs, les voûtes et les piliers qui, à leur tour, reposent sur les murs intérieurs, formant un carré avec les bras de la croix inscrite et supportant le poids de la coupole. L'espace principal de l'église semble unifié, ininterrompu, tandis que le pèlerin, dès l'entrée de l'église, peut admirer la décoration de la coupole.

Les murs de l'église sont construits avec une maçonnerie de type plinthoperikleisti, où des pierres blanches à quatre faces, généralement en calcaire, sont entourées de minces briques rouges. Sur les côtés nord et ouest du temple, on peut observer une frise de briques avec des décorations coufiques (c'est-à-dire des décorations incisées imitant les lettres de l'alphabet arabe ancien) encadrées par des bandes dentelées. Une frise coufique similaire peut également être observée dans le clocher. 

Sur le côté est de l'église, il y a trois absides qui, de l'extérieur, donnent l'impression d'un chevet triconque, tandis qu'elles sont semi-circulaires  à l'intérieur. Dans la niche centrale de l'autel, une fenêtre trilobée domine, tandis que la hauteur de la galerie est éclairée par des fenêtres lobées sur ses trois côtés. Sur le côté ouest, on trouve la porte rectangulaire principale de l'édifice, flanquée de deux autres plus petites avec des encadrements en marbre. Au-dessus des portes, trois fenêtres cintrées sont formées par des arcs en brique. On trouve également deux portes similaires sur les côtés nord et sud.

Malheureusement, les bombardements turcs de 1821 n'ont pas épargné les fresques qui ornaient l'intérieur de l'église. L'iconographie actuelle, de style occidental, qui a fait partie des importants travaux de restauration effectués par les Russes, est l'œuvre du professeur de l'École des beaux-arts d'Athènes, Ludwig Thiersch (1825-1909), dont la représentation de l'apôtre Paul sous les traits du roi Othon mérite d'être mentionnée.

La niche est occupée par la Platytera siégeant sur son trône, tandis que le Pantokrator domine la coupole. Sur les piliers, dans des cadres rectangulaires, sont représentés les Pères de l'Église, les saints et les hiérarques de l'Église d'Athènes, ainsi que les martyrs athéniens (sainte Christina et sainte Daria). La composition iconographique de l'iconostase s'articule autour de trois zones.

Il convient enfin de mentionner les reliques du temple, telles que les icônes et les ornements sacrés qui ont été transférés par les Russes à Athènes après la révolution de 1917. Parmi les reliques conservées dans l'église, l'icône portative de saint Nicolas, cadeau de la reine Olga lors de son pèlerinage à l'église en 1891, revêt une importance particulière.